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VINGT-CINQUIÈME CONFÉRENCE RÉGIONALE DE LA FAO POUR L'ASIE ET LE PACIFIQUE

Yokohama, Japon, 28 août-1er septembre 2000

L'INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET LA VULNÉRABILITÉ EN ASIE ET DANS LE PACIFIQUE : SUIVI DU SOMMET MONDIAL DE L'ALIMENTATION

Table des matières



 

I. INTRODUCTION

1. La FAO a convoqué le Sommet mondial de l'alimentation au niveau des chefs d'État et de gouvernement à Rome du 13 au 17 novembre 1996. Son objectif était de renforcer les engagements politiques pris à l'échelle mondiale pour parvenir à la sécurité alimentaire durable pour tous. À cette occasion, 186 délégations ont adopté la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation. Ces initiatives ayant été ultérieurement entérinées par l'Assemblée générale des Nations Unies, la communauté internationale, pour aider les pays à mettre en œuvre des plans d'action nationaux visant à réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde d'ici 2015, a mis en place les dispositions et les mécanismes institutionnels nécessaires, notamment: le système de présentation de rapports Pays-FAO-ECOSOC; le Réseau sur le développement rural et la sécurité alimentaire du Comité administratif de coordination de l'ONU; le protocole d'accord entre la FAO et le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme; les protocoles d'accord entre la FAO et des banques internationales et régionales, ainsi que d'autres organismes de financement; les dispositions prises en vue de la participation des organisations non gouvernementales (ONG) et du secteur privé; et le Plan de coopération Sud-Sud.

2. À la FAO, le Programme de travail et budget 1998-1999 mettait fortement l'accent sur le suivi du Sommet mondial de l'alimentation, ce qui est également le cas pour 2000-2001. Plusieurs initiatives de grande portée ont été prises pour soutenir les efforts entrepris par les pays pour mobiliser la population, obtenir des ressources et effectuer des transferts de technologie, notamment les suivantes: la création du Groupe de travail interinstitutions chargé des Systèmes d'information et de cartographie sur l'insécurité alimentaire et la vulnérabilité (SICIAV), l'expansion du Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA), l'élaboration de stratégies nationales d'investissement, la campagne TeleFood, l'aide pour les négociations commerciales multilatérales et le renforcement des secours en cas de catastrophe. La FAO a aussi renforcé récemment sa coopération avec différents groupes de pays de l'Asie et du Pacifique en préparant des stratégies et programmes régionaux pour le développement agricole et la sécurité alimentaire. Voir Annexe 1, Rapport sur les stratégies pour le développement agricole et la sécurité alimentaire: Région de l'Asie et du Pacifique.

3. Des rapports ont été présentés au sujet de ces développements lors de la vingt-quatrième Conférence régionale de la FAO à Yangon en avril 1998. Depuis lors, la situation de la sécurité alimentaire et ses perspectives ont beaucoup changé. Les différentes mesures prises pour réaliser le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation ont également déjà donné certains résultats. Le présent document i) évalue la situation de l'insécurité alimentaire et de la vulnérabilité dans la région; ii) examine les problèmes et les enjeux; iii) fait le point sur le suivi du Sommet mondial de l'alimentation, iv) met en relief les mesures collectives de lutte contre la faim et la malnutrition et v) indique quelles mesures il est essentiel de prendre.

4. La vingt-cinquième session du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) a décidé de concentrer l'examen du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation sur les engagements en faveur des personnes victimes de l'insécurité alimentaire, lors de sa prochaine session en septembre 2000. En conséquence, la discussion portera principalement sur les contextes favorables, l'élimination de la pauvreté, la prévention des catastrophes ainsi que les mesures de secours et de relèvement en cas de catastrophe, et les mesures collectives visant à assurer la sécurité alimentaire et l'équilibre nutritionnel, c'est-à-dire ce qui correspond aux engagements 1, 2 et 5, et à certaines parties de l'engagement 7.

II. LES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES

5. Par l'entremise de son Système mondial d'information et d'alerte rapide, la FAO a entrepris, de concert avec le Programme alimentaire mondial (PAM), plusieurs missions clés dans la région Asie au cours de ces dernières années, surtout en République populaire démocratique de Corée, en Indonésie, au Timor oriental, au Bangladesh, au Cambodge et au Laos. Les évaluations ainsi établies ont fortement contribué à sensibiliser la communauté internationale aux problèmes qui commençaient à se manifester en matière d'approvisionnements alimentaires et à la mobilisation d'une aide alimentaire à grande échelle. La valeur des opérations d'urgence approuvées conjointement par le Directeur général de la FAO et le Directeur exécutif du PAM pour la seule République populaire démocratique de Corée est proche de 1 milliard de dollars E.-U. Le système d'alerte rapide de l'Organisation a également été invité à plusieurs reprises à présenter des mémoires pertinents et à accorder des interviews au sujet des problèmes d'approvisionnements alimentaires en Asie à la presse internationale, ainsi qu'à des gouvernements et des institutions internationales de la région ou extérieures à celle-ci.

6. Du point de vue économique, la région a poursuivi son redressement après les deux calamités qui l'ont frappée en 1997, le phénomène climatique El Niño et la crise financière qui a touché certaines parties de l'Asie de l'Est et du Sud-Est. Au cours de l'exercice à l'étude, un net revirement s'est produit durant le troisième trimestre de 1998. Sous l'impulsion des mesures massives de renflouement du FMI et des mesures fiscales et monétaires radicales mises en œuvre, les taux de change se sont stabilisés, les taux d'intérêt ont baissé, et les prix sont, dans l'ensemble, devenus plus fermes. Grâce à cela, dans les cinq pays touchés par la crise, le PIB s'est accru de 6,4 pour cent en 1999, alors qu'il avait baissé de 7,7 pour cent en 1998. Dans d'autres pays en développement, le PIB a continué de croître, mais dans de moindres proportions. La Banque asiatique de développement a signalé que la croissance du PIB avait été, pour l'ensemble des pays en développement de l'Asie, de 2,3 pour cent en 1998 et 6,2 pour cent en 1999, ce dernier chiffre devant également être atteint en 2000. La longue période de récession connue par le Japon est peut-être également en train de prendre fin, ce qui contribuerait au redressement économique de la région. D'après les idées exprimées, si les réformes financières et les programmes de restructuration économique actuellement mis en œuvre dans les pays en développement étaient couronnés de succès, la région pourrait bientôt retrouver des taux de croissance du PIB élevés, qui auraient plus de chances qu'auparavant de se maintenir durablement. En bref, la situation macroéconomique s'est nettement améliorée depuis la dernière session, et les perspectives sont beaucoup plus prometteuses.

7. La production agricole a connu un fléchissement dû au phénomène El Niño et à une série de graves catastrophes naturelles survenues en 1998-1999. Le taux de croissance de l'agriculture est tombé à son niveau le plus bas en dix ans (2,6 pour cent) en 1997, soit beaucoup moins que le chiffre annuel habituel de 4,0 pour cent ou plus atteint régulièrement au cours des années précédentes. La production agricole brute s'est lentement redressée en 1998. La production des denrées de base - principalement les céréales - a toutefois regagné rapidement le terrain perdu. La production totale de céréales dans les pays en développement de l'Asie et du Pacifique avait diminué de 1,1 pour cent en 1997/98. Elle a augmenté de 3,5 pour cent en 1998/99, mais une légère baisse est prévue en 1999/00. Les autres indicateurs relatifs à la sécurité alimentaire dans la région tels que les stocks de céréales, l'utilisation alimentaire de celles-ci, les prix et le volume des échanges commerciaux semblent également révéler une amélioration de la situation alimentaire globale.

8. Les stocks totaux de céréales des pays en développement de la région Asie et Pacifique, qui avaient baissé de 4 pour cent et atteint ainsi le deuxième niveau le plus faible de la décennie (119 millions de tonnes) en 1997/98, se sont nettement redressés et se montaient à 128 millions de tonnes à la clôture de la campagne 1998/99. Ils devaient augmenter légèrement et atteindre 129 millions de tonnes durant la campagne agricole 1999/00.

9. Les prix internationaux des céréales ont fortement diminué pendant cet exercice. Le riz (Thaï 100 pour cent 2qualité f.o.b. Bangkok) se vendait par exemple 316 dollars E.-U. la tonne en 1997 et 315 dollars E.-U. la tonne en 1998. Les prix sont toutefois tombés à 253 dollars E.-U. la tonne en 1999, soit largement au-dessous du chiffre moyen de 302 dollars E.-U. des 10 années précédentes. De même, l'évolution du prix du blé (blé dur no 1 des États-Unis f.o.b. Golfe) a à peine atteint 97 dollars E.-U. la tonne en octobre 1999, alors qu'il était de 127 dollars E.-U. la tonne l'année précédente et que le prix moyen sur 10 ans était de 149 dollars E.-U. la tonne. Le prix du maïs (maïs jaune n2 des États-Unis f.o.b. Golfe) en a fait autant, tombant à 88 dollars E.-U. la tonne en octobre 1999, contre 95 dollars E.-U. l'année précédente et une moyenne sur 10 ans de 113 dollars E.-U. Les consommateurs ont plus ou moins bénéficié de ces prix plus bas selon les pays. Les prélèvements existants ont empêché les marchés intérieurs de bénéficier pleinement des tendances internationales. L'évolution des prix mondiaux des céréales a toutefois été favorable aux groupes vulnérables et a au moins permis aux gouvernements d'accroître les importations en utilisant les devises dont ils disposaient après la crise économique.

10. Les importations totales de céréales dans les pays en développement de la région, qui avaient connu une tendance à la baisse depuis 1995/96, devraient augmenter et atteindre 52 millions de tonnes en 1999/00 (juillet/juin). Le blé a représenté environ la moitié des importations de céréales. Les capacités d'importation et les approvisionnements disponibles ne semblent pas susciter de préoccupations malgré le ralentissement de l'économie dans l'ensemble de la région et les contraintes financières propres à chaque pays.

11. De ce fait, la consommation alimentaire de céréales par habitant est restée stable en 1998-1999 dans l'ensemble des pays en développement de la région. Elle était de 183,3 kg en 1997/98 et 184,7 kg l'année suivante et devrait se monter à 184,5 kg en 1999/00. Au cours de cette décennie, ce chiffre a fluctué à l'intérieur d'une étroite fourchette de 181,4-184,3 kg, et le taux de croissance a été de 0,07 pour cent.

III. ÉTAT DE L'INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE

12. Ces chiffres concernant l'ensemble de la région dissimulent toutefois de grandes différences entre les résultats obtenus dans les différents pays. En 1998/99, le phénomène La Niña et une série d'anomalies climatiques reliées ou non à celui-ci ont pris la relève de El Niño, qui s'était manifesté l'année précédente. Entre autres catastrophes naturelles, il y a eu des inondations au Bangladesh, en Chine et dans la République de Corée, et des sécheresses en Indonésie, au Cambodge, dans les Philippines, au Viet Nam et au Laos en 1998. Ensuite, en 1999, de fortes sécheresses ont frappé l'Afghanistan et l'Iran, un cyclone a ravagé le nord-est de l'Inde et des inondations se sont produites dans de vastes régions du Bangladesh, du Népal, du Viet Nam (à deux reprises) et du Cambodge. La République populaire démocratique de Corée a également continué à souffrir des répercussions des inondations et des sécheresses des années précédentes. Ces catastrophes naturelles ont occasionné des dégâts aux cultures, entraîné la détérioration des stocks, perturbé la commercialisation et occasionné des pertes d'emplois et de revenus qui se sont ajoutées aux pertes de vies humaines et aux destructions de biens.

13. L'insécurité alimentaire due aux catastrophes naturelles a encore été renforcée par les calamités d'origine humaine pendant l'exercice 1998-1999. Les affrontements civils se sont poursuivis dans certaines parties de l'Asie, et d'autres régions ont connu de nouveaux troubles et des conflits frontaliers.

14. En outre, dans certains pays, la crise financière qui avait commencé en 1997 a entraîné des fuites massives de capitaux, une chute brutale des taux de change, des faillites, de graves difficultés dans le secteur bancaire, des réductions de l'activité des entreprises et une généralisation du chômage et du sous-emploi. Quatre des cinq économies frappées directement semblaient devoir se redresser rapidement après avoir touché le fond fin 1998, mais les répercussions de la crise ont continué de se faire sentir, et le retour à une croissance économique accélérée se faisait encore attendre. D'autres économies en développement de la région ont également souffert de la perte de confiance des investisseurs et de la vive concurrence concernant les taux de change. C'est ainsi que les investissements étrangers directs ont atteint seulement 85 milliards de dollars E.-U. en 1998, soit une chute de 11 pour cent. Certaines des économies ont subi de fortes pertes, si bien que les taux de croissance du PIB ont été négatifs ou en stagnation en 1998 et, bien que redevenus positifs, sont restés médiocres en 1999.

15. En ce qui concerne le secteur de l'alimentation, les pays les plus durement touchés en 1997/98 et 1998/99 ont connu un fléchissement de la production céréalière ou de l'utilisation alimentaire des céréales aux niveaux national ou local. Ces insécurités alimentaires transitoires ont entraîné des pénuries alimentaires, pouvant aller, dans certains cas extrêmes, jusqu'à la famine, mais elles ont généralement fortement aggravé la sous-alimentation chronique. L'avis général était toutefois qu'à de rares exceptions près, les crises naturelles ou imputables aux activités humaines qui ont frappé l'Asie de l'Est et du Sud-Est n'ont pas aggravé l'insécurité alimentaire chronique autant qu'on l'avait craint.

16. Des enseignements ont pu être tirés d'une situation particulière: les enquêtes et les estimations ont fait ressortir que la production de riz avait baissé et que les ménages avaient réduit leurs dépenses et leur consommation de protéines et d'aliments riches en micronutriments. Le taux de sous-alimentation a doublé, passant de 6,0 pour cent de la population en 1995/97 à 12,0 pour cent en 1999, et le nombre d'enfants émaciés et de mères anémiques a nettement augmenté. Étant donné les pertes d'emplois et de revenus, la désépargne et les fuites de capitaux qui ont continué pendant une bonne partie de 1999, et les troubles civils, l'insécurité alimentaire chronique s'accroîtra à court terme. Le redressement prendra un certain temps, à en juger par l'évolution prévue du taux de croissance du PIB, qui devrait être de 2,0 et 4,0 pour cent respectivement en 1998 et 1999 après une contraction de 13,2 pour cent en 1997.

17. Malgré la rareté des données à jour, il a paru utile de réévaluer la situation de l'insécurité alimentaire chronique en se basant sur les renseignements obtenus depuis la dernière session. Les nouvelles estimations relatives à 1995/97 indiquent que le taux de sous-alimentation était tombé à 17 pour cent dans les pays en développement de la région, alors que le Sommet mondial de l'alimentation avait cité le chiffre de 21 pour cent pour 1990/92. Le pourcentage a donc diminué, mais le nombre absolu de personnes sous-alimentées a augmenté, passant à 525,5 millions contre 512,0 millions cinq ans plus tôt. La situation variait d'un pays à l'autre, quelques-uns réalisant de modestes progrès, et d'autres obtenant même de bons résultats. Dans certains autres, aucun progrès n'a été réalisé ou l'amélioration a été marginale et, ailleurs encore, le taux de sous-alimentation de la population a augmenté pendant ces cinq années. En résumé, les nouvelles estimations ont montré, qu'à l'époque du Sommet mondial de l'alimentation en 1996, les deux tiers des 792 millions de personnes sous-alimentées vivant dans des pays en développement se trouvaient dans la région de l'Asie et du Pacifique. Pour que ce nombre puisse être réduit de moitié d'ici 2015, il faudra qu'il diminue en moyenne de 13 millions par an pendant 20 ans à compter de 1996. C'est assurément une tâche très difficile, puisque huit des 18 pays ne sont pas parvenus à réduire suffisamment la sous-alimentation entre 1980 et 1996 pour atteindre l'objectif fixé par le Sommet mondial de l'alimentation.

18. Le statut nutritionnel de la région a été évalué en compilant récemment les résultats d'enquêtes anthropométriques portant sur la période 1987-98. En Asie du Sud, près de la moitié des enfants de moins de cinq ans présentaient des retards de croissance et une insuffisance pondérale, et un sur six était émacié. Les chiffres correspondants étaient de 35 pour cent, 22 pour cent et 7 pour cent dans l'Asie de l'Est et du Sud-Est, et de 18, 10 et 3 pour cent dans l'Amérique latine et les Caraïbes, la région en développement où ils sont les plus faibles. Environ 70 pour cent de tous les enfants du monde souffrant de retard de croissance, d'insuffisance pondérale et d'émaciation se trouvaient dans la région de l'Asie et du Pacifique. L'Asie du Sud regroupait à elle seule près de la moitié de ceux qui avaient une insuffisance pondérale ou un retard de croissance. Ces statistiques impressionnantes soulignent l'ampleur et la gravité du problème que pose l'insécurité alimentaire. Les difficultés causées par la dénutrition, la malnutrition et les mauvaises conditions de santé et d'assainissement s'ajoutent aux effets de la sous-alimentation.

IV. VULNÉRABILITÉ

19. Les engagements du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation appelaient à la création du Système d'information et de cartographie sur l'insécurité alimentaire et la vulnérabilité (SICIAV). Il s'agissait de pouvoir fournir, de façon exacte, rapide et complète, des renseignements indiquant notamment qui sont les personnes vulnérables et où elles se trouvent au moyen de systèmes nationaux de cartographie reliés entre eux. Au cours des trois dernières années, le Groupe de travail interinstitutions a été mis sur pied, un réseau de centres de coordination a été constitué, des lignes directrices ont été formulées pour les SICIAV nationaux, et les questions conceptuelles et méthodologiques ont été étudiées. Entre-temps, un projet régional d'élaboration d'une base de données SICIAV pour l'Asie a commencé à fonctionner. De nombreux pays en développement ont aussi créé des comités nationaux pour entreprendre la réalisation d'un SICIAV. Des résultats préliminaires des travaux réalisés jusqu'à présent sont présentés ci-dessous.

20. Dans la région, les groupes vulnérables étaient de nature diverse. Ils incluaient tous les types de personnes vulnérables identifiés dans le cadre des travaux relatifs au SICIAV à la mi-1999. La base de données correspondante rassemble 39 groupes vulnérables différents dans six vastes catégories: i) les victimes de conflits; ii) les travailleurs migrants et leurs familles; iii) les populations marginales des zones urbaines; iv) les personnes appartenant à des groupes sociaux à risque, v) une partie ou la totalité des membres des familles à faible revenu vivant dans des systèmes vulnérables; et vi) les personnes dépendantes vivant seules ou dans des familles à faible revenu comportant de nombreux membres. On peut trouver des détails à ce sujet dans la publication de la FAO L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde, 1999. Parmi les groupes vulnérables appartenant à ces différentes catégories, on peut citer les réfugiés, les travailleurs migrants, les chômeurs, les habitants des bidonvilles, les mendiants, les minorités ethniques démunies, les paysans sans terres ou pratiquant une agriculture de subsistance, les pêcheurs et les habitants des zones forestières, ainsi que les personnes âgées, handicapées ou malades. Il ne fait aucun doute que les définitions seront améliorées et qu'on identifiera de nouveaux groupes vulnérables au fur et à mesure que le SICIAV permettra d'approfondir l'analyse empirique de la vulnérabilité.

21. Les causes de la vulnérabilité étaient également complexes. Il est important de noter qu'elle se manifestait plus particulièrement à certains endroits ou dans certains groupes et qu'elle découlait de facteurs multiples plutôt qu'individuels. C'était souvent la combinaison particulière de plusieurs facteurs causatifs fondamentaux communs à l'intérieur d'une région qui déterminait le profil de risque d'un groupe donné à un certain endroit. La situation était toujours dynamique et évoluait en même temps que chacun des facteurs socioéconomiques ou environnementaux. Pour accélérer la réduction du nombre de personnes sous-alimentées, les pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV) de la région doivent donc agir sur les causes fondamentales de ce problème. Dans son Consensus régional sur la sécurité alimentaire adopté lors de sa vingt-deuxième session à Apia, la Conférence a dressé une liste des facteurs à propos desquels il est le plus urgent d'intervenir et parmi lesquels ont peut notamment citer les suivants, dont l'importance est toute aussi cruciale aujourd'hui qu'elle l'était alors:

22. Au cours des huit années écoulées depuis lors, une autre source de vulnérabilité s'est fait jour et a pris de plus en plus d'importance. Pendant les années 1990, les calamités résultant des activités humaines sont devenues une des principales causes potentielles de vulnérabilité pour l'époque actuelle et l'avenir prévisible. Cette catégorie inclut la guerre, les troubles civils, la mauvaise gestion financière et économique et la destruction de l'environnement. Dans l'Asie et le Pacifique, les principaux groupes vulnérables créés dans de telles conditions ces dernières années étaient notamment les réfugiés permanents, les personnes déplacées à l'intérieur d'un pays, les personnes devenues veuves ou orphelines par suite d'affrontements religieux ou ethniques, les travailleurs migrants rapatriés et leurs familles, les personnes en chômage parce que l'entreprise qui les employait a fait faillite ou a réduit ses effectifs, et la main-d'œuvre rurale sous-employée par suite de la réduction de la capacité de charge de la terre. Il s'agit donc, en somme, de tous les gens dont les moyens de subsistance ont été réduits ou éliminés par suite des agissements destructifs d'autres personnes. Il n'est pas étonnant que les calamités d'origine humaine frappent particulièrement nombre des PFRDV qui n'ont pas suffisamment progressé pour atteindre l'objectif fixé par le Sommet mondial de l'alimentation.

23. Tout cela a attiré l'attention une fois de plus sur l'importance de créer des conditions favorables à l'élimination de la pauvreté et à la réduction de la sous-alimentation. Les PFRDV concernés de la région, devraient donc, plus que jamais, s'efforcer d'urgence de:

V. LE SUIVI DU SOMMET MONDIAL DE L'ALIMENTATION SUR LES ENGAGEMENTS I, II ET V

Vers un contexte favorable

24. La crise financière et le ralentissement de l'économie qui a suivi ont forcé la plupart des gouvernements de la région à réformer et restructurer leur économie en cherchant principalement à accroître la concurrence et la transparence et à utiliser plus efficacement les ressources pour assurer une croissance économique durable et équitable. En 1998-1999, on a assisté à l'annulation de nombreux projets non essentiels, à la privatisation d'entreprises publiques, à la fermeture d'entités insolvables et à la libéralisation de la réglementation des entreprises et des investissements. Ces réformes se poursuivent et, si elles sont couronnées de succès, elles contribueront à créer le contexte socioéconomique favorable nécessaire pour atteindre les objectifs du Sommet mondial de l'alimentation.

25. Un autre événement inattendu, mais important, s'est produit. Après la crise financière, les revendications concernant les droits de l'homme, les libertés fondamentales et la bonne gestion des affaires publiques sont devenues beaucoup plus vigoureuses. Début 2000, on pouvait noter un changement général; les autorités adoptaient une attitude, des méthodes et des pratiques plus démocratiques et plus participatives, comme certains exemples peuvent le montrer plus clairement: les nouveaux gouvernements élus démocratiquement étaient déterminés à accroître l'autonomie régionale et locale; les plans nationaux de développement et les programmes participatifs de développement rural institués au niveau local considéraient la sécurité alimentaire comme la priorité principale; le règlement des conflits survenant entre les travailleurs, les entreprises et les pouvoirs publics dans le cadre de la restructuration de l'économie, se fondait sur des méthodes démocratiques; et la crise économique avait incité à accorder de plus en plus d'attention aux problèmes des pauvres et à essayer de les régler. Malgré des revers et des piétinements temporaires dans certains pays, la lutte contre la sous-alimentation dans la région bénéficie d'un contexte sociopolitique qui s'est amélioré nettement et régulièrement.

Élimination de la pauvreté

26. Pour les pays membres en développement de la région, un développement agricole et rural durable reste le principal moyen d'éliminer la pauvreté et de réduire la sous-alimentation. Les gouvernements ont généralement adopté la stratégie conventionnelle qui consiste à construire des infrastructures, améliorer la technologie, diversifier les activités génératrices de revenus, fournir des services de soutien et, dans la mesure du possible, fournir des capitaux supplémentaires sous forme d'allocations, de subventions et de crédits. La situation n'a toutefois évolué que lentement dans de nombreux PFRDV à cause de diverses raisons fondamentales communes à tous. Par exemple, en se fondant sur des études approfondies, cinq États insulaires en développement du Pacifique sont convenus, lors d'un séminaire organisé à Samoa par la FAO en avril 1999, que les principaux obstacles à l'élimination de la pauvreté et à la sécurité alimentaire étaient les difficultés d'accès à la terre, la vulnérabilité aux dangers naturels, le manque de qualifications professionnelles, l'éloignement des marchés, les insuffisances de l'infrastructure et la fragilité des ressources naturelles. Des études réalisées dans d'autres PFRDV en 1998-1999 relativement au secteur agricole ont révélé la présence de nombre de ces mêmes contraintes, qui se manifestaient à des degrés divers et dans des combinaisons variant selon les pays.

27. Pour surmonter ces contraintes, d'importantes augmentations des flux de capitaux vers le développement agricole et rural durable seront nécessaires. C'est pourquoi on considère que les gouvernements des PFRDV doivent avant tout mobiliser la main-d'œuvre et les ressources financières requises pour mettre en œuvre les plans nationaux d'action conformes aux objectifs du Sommet mondial de l'alimentation. C'est pour cette raison que la FAO a créé, au sein du Département de la coopération technique, l'Unité de la coopération avec le secteur privé et les ONG, qui cherche à déterminer comment rassembler et utiliser des ressources provenant de sources non gouvernementales.

28. Dans ce contexte, les programmes nationaux d'élimination de la pauvreté ont été renforcés ces dernières années par le Programme spécial pour la sécurité alimentaire de la FAO (PSSA). En janvier 2000, un total de 13 pays membres de la région de l'Asie et du Pacifique participaient à ce programme, et plusieurs autres se préparaient à s'y associer. Les objectifs, méthodes et résultats de ce programme, qui est une des priorités principales de la FAO, sont indiqués à l'Annexe 2, Suivi du Sommet mondial de l'alimentation: le Programme spécial pour la sécurité alimentaire de la FAO. Entre-temps, la campagne TeleFood lancée par la FAO a collecté des capitaux d'amorçage pour mener à bien, en particulier dans le cadre du PSSA, des activités participatives génératrices de revenus, de faible ampleur et axées sur les femmes. À cette date, cette campagne avait déjà permis la création de quelque 450 projets dans le monde entier, dont plus de la moitié se situaient dans la région. En outre, le Plan de coopération Sud-Sud de la FAO a renforcé le transfert de technologies entre les pays en développement participant au PSSA. Des projets de cette nature fonctionnaient dans 12 pays du monde entier. Quatre pays membres de la région de l'Asie et du Pacifique - le Bangladesh, la Chine, l'Inde et le Viet Nam - fournissaient une assistance technique, et l'un d'entre eux, le Bangladesh, en bénéficiait. La popularité du PSSA, de TeleFood et du Plan de coopération Sud-Sud tient peut-être partiellement au fait que ces initiatives ont attiré davantage l'attention sur le développement agricole et rural durable, suscité de l'intérêt pour sa méthodologie et ses processus et attiré des investissements provenant de sources locales, nationales et internationales.

29. Au cours de l'exercice examiné ici, trois tendances remontant à quelque temps auparavant sont devenues apparentes dans la région en ce qui concerne l'élimination de la pauvreté. L'une d'entre elles pourrait s'intituler la tendance au "retour à l'agriculture". Après l'avoir négligé pendant des années, plusieurs PFRDV ont à nouveau considéré le secteur agricole comme prioritaire et en ont fait le moteur de la croissance de leur économie. Les affectations budgétaires ont été augmentées pour revitaliser ce secteur grâce à l'amélioration de l'utilisation des ressources, à la mise au point de produits et de procédés nouveaux, à la substitution des importations, à la recherche de nouveaux débouchés, à la promotion de l'investissement direct étranger et à d'autres activités connexes. Les pays ont annoncé d'importantes révisions de leur politique pour s'engager sur cette voie. Le regain d'intérêt manifesté envers ce secteur est dû aux décisions du Sommet mondial de l'alimentation ainsi qu'aux raisons suivantes:

30. Ce retour à l'agriculture, qui se base sur les trois questions fondamentales que sont le redressement économique, les impératifs de l'OMC et les aliments génétiquement modifiés, ne s'est produit nulle part de façon aussi manifeste qu'en Asie et dans le Pacifique, où les populations sont relativement bien éduquées et où les ONG sont particulièrement actives. Cette tendance jouera vraisemblablement un rôle essentiel dans la lutte contre la sous-alimentation au cours de la prochaine décennie. La Conférence souhaitera peut-être recommander que les gouvernements accordent la plus grande priorité au règlement des problèmes mentionnés ci-dessus dans le contexte de l'atteinte d'une sécurité alimentaire durable et d'une nutrition équilibrée.

31. Une autre tendance importante qui s'est fait jour est la décentralisation et la délégation des responsabilités pour l'élimination de la pauvreté et la sécurité alimentaire. On a fait de plus en plus appel aux autorités locales pour mobiliser des ressources et prendre des mesures, afin d'augmenter la productivité, de créer des emplois, de stabiliser les prix des denrées alimentaires et de protéger les groupes vulnérables. Le gouvernement de l'Inde a, par exemple, apporté un amendement à la Constitution en 1992 pour renforcer le "Panchayat Raj", système de gestion autonome des villages. Avec l'appui du gouvernement fédéral et de ceux des États, les habitants des villages ont été associés aux décisions concernant l'infrastructure et les services de production et de commercialisation, les activités génératrices d'emplois et de revenus et l'aide aux pauvres. En Chine, les autorités provinciales et municipales ont été progressivement chargées d'assurer la sécurité alimentaire dans le cadre de la privatisation des organismes publics de commercialisation des céréales et en appliquant également certains programmes ("Caisse de protection contre les risques concernant les céréales" et "Campagne du sac de riz"). Un prolongement naturel de cette politique et de ces programmes est que l'initiative locale en matière de génération d'emplois et de revenus doit maintenant de plus en plus prendre la place du filet de sécurité que constituait le système public de distribution chinois. De la même manière, les gouvernements d'autres PFRDV de la région - en particulier au Bangladesh, au Népal, dans les Philippines et en Thaïlande - ont affecté directement des fonds aux villages pour éliminer la pauvreté. C'est là un développement positif tout à fait conforme à l'engagement pris lors du Sommet mondial de l'alimentation d'encourager les mesures participatives à tous les niveaux pour parvenir à la sécurité alimentaire et à une nutrition équilibrée.

32. Un troisième développement prometteur est la pratique de plus en plus utilisée qui consiste à cibler les personnes réellement nécessiteuses pour leur fournir un soutien du revenu et une aide alimentaire et les aider à acquérir des actifs leur permettant de générer un revenu. Jusqu'à présent, ces formes d'aide n'étaient pas ciblées ou l'étaient de façon superficielle, et ce que recevaient les trop nombreux bénéficiaires était trop limité pour être efficace. Le nouveau système pourrait avoir une influence positive sur l'élimination de la pauvreté au cours des années à venir. On peut citer divers exemples qui illustrent cette nouvelle façon de dispenser une assistance: i) l'amélioration et le ciblage du système public de distribution, le système de création d'emplois Jawahar Rozgar Yojana et le programme de nutrition pour les enfants, les femmes enceintes et les mères allaitantes en Inde; ii) la part croissante des ressources fournies par le système public de distribution utilisées pour les programmes de vivres-contre-travail, de développement en faveur des groupes vulnérables, d'alimentation des groupes vulnérables et de vivres pour l'éducation au Bangladesh; iii) l'augmentation des prêts accordés aux petits producteurs de riz et de manioc dans certaines zones désignées en Thaïlande; iv) les subventions versées directement et de façon plus rentable aux riziculteurs enregistrés en Malaisie; et v) les programmes spéciaux d'élimination de la pauvreté destinés à 1 715 des communes les plus pauvres du Viet Nam. Ce regain d'intérêt pour le ciblage de l'aide commence apparemment à se répandre. Au Népal, le nouveau Plan perspectif agricole accorde une assistance spéciale à certaines zones frappées par la pauvreté en fonction des ressources dont elles disposent, et les activités du système public de distribution ont été transférées des zones urbaines aux zones éloignées. Aux Philippines, le gouvernement a mis l'accent sur l'élaboration d'un programme d'aide alimentaire pour les pauvres dans le cadre de son programme global de privatisation et d'ajustement structurel.

Prévention des catastrophes naturelles et mesures de secours et de réhabilitation

33. La région de l'Asie et du Pacifique est devenue celle qui est la plus exposée aux catastrophes naturelles dans le monde à cause de sa densité de population élevée, de la dégradation de l'environnement et de la poursuite de la migration vers des zones vulnérables. Lors de la réunion tenue en 1999 en Asie pour faire le bilan de la Décennie internationale pour la prévention de catastrophes naturelles, les participants sont convenus qu'il faut s'attendre à une aggravation des dégâts dus aux cyclones tropicaux, aux inondations, aux conditions géologiques et aux aberrations climatiques de grande ampleur. La prévention des catastrophes naturelles et les mesures de secours et de réhabilitation doivent faire partie intégrante du programme de développement durable dans la région.

34. De façon générale, les pays particulièrement exposés à ces catastrophes savent quelles sont les mesures nécessaires. La plupart des gouvernements concernés ont pris les dispositions essentielles nécessaires en mettant en place des réserves alimentaires situées à des endroits stratégiques, un système national d'alerte rapide, une unité spécialisée toujours prête à intervenir et un plan d'urgence. La forme et la nature de ces éléments sont toutefois extrêmement variables. L'Inde, la Chine et le Bangladesh, pays ravagés par des catastrophes naturelles, disposent de programmes de planification préalable très élaborés, comme on a pu le constater récemment quand ils ont fait face à des cyclones et des inondations en ne recevant qu'une aide étrangère minimale. D'autres pays récemment frappés ont moins d'expérience dans ce domaine et disposent de ressources limitées. Ils ont donc mis plus longtemps à redresser la situation.

35. De façon générale, les événements survenus dans différents pays en 1998-1999 ont révélé qu'il était de plus en plus difficile d'améliorer les programmes de prévention et d'atténuation des effets des catastrophes. La lenteur des progrès réalisés serait due aux facteurs suivants: la fréquence croissante et l'ampleur des catastrophes, la diminution de l'aide alimentaire étrangère dans la région, la réduction des subventions alimentaires et la tendance des habitants à abandonner la production des denrées de base au profit des industries non alimentaires. Vu ces facteurs défavorables, un changement d'attitude et de méthode est apparemment nécessaire. Les pays devraient adopter une optique à long terme en ce qui concerne la prévention et l'atténuation des effets des catastrophes et investir en conséquence dans des infrastructures, des institutions et des services permanents et assurer également l'éducation et la formation des groupes particulièrement exposés. Ils doivent aussi établir des liens entre les modalités de prévention et d'atténuation des effets des catastrophes et les programmes de développement rural et de protection de l'environnement. Ils doivent en outre s'efforcer d'être autosuffisants dans toute la mesure possible.

36. Dans ce contexte, la Réunion DIPCN-CESAP pour l'Asie sur la réduction des risques et la société au XXIsiècle (Bangkok, février 1999), après avoir passé en revue les résultats obtenus pendant les années 1990, a signalé certains domaines critiques dans lesquels doivent être prises des mesures de suivi consistant à:

37. Aux niveaux régional et international, la réunion a recommandé que des mesures collectives soient prises pour:

38. Les travaux entrepris par la FAO sont basés sur les engagements énoncés dans le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation. Au cours de l'exercice examiné, l'Organisation a aidé les pays membres de la région de l'Asie et du Pacifique à améliorer leur capacité à mener à bien les huit phases du cycle des catastrophes: la prévention, la planification préalable, l'alerte rapide, l'évaluation de l'impact et des besoins, les secours, la réhabilitation, la reconstruction et le redressement durable. Les récentes activités les plus marquantes ont notamment été les suivantes: la gestion des ressources agricoles axée sur les agriculteurs, le SICIAV, la planification des mesures de prévention des catastrophes, le renforcement des systèmes nationaux d'alerte rapide, la mise au point de systèmes de culture de sécheresse, la gestion des inondations, l'amélioration du contrôle de la qualité des denrées alimentaires et les mesures de sécurité, ainsi que le Système de prévention et de réponse rapide contre les ravageurs et les maladies transfrontières des animaux et des plantes. Les projets de secours pour l'agriculture gérés par la FAO se sont montés à environ 40 millions de dollars E.-U. par an, et les opérations d'aide alimentaire d'urgence FAO-PAM, à quelque 600 millions de dollars E.-U. par an.

Mesures collectives

39. Une initiative sous-régionale, le Tarif préférentiel commun effectif (TPCE) de la Zone de libre-échange de l'ANASE, a donné de bons résultats l'exercice 1998-1999. Suite à une nouvelle série de réductions intervenues en janvier 2000, les taux ont été abaissés à 0,5 pour cent pour 85 pour cent des produits de l'ANASE, soit un total de 38 456 lignes tarifaires. Tous les produits des six membres fondateurs de l'ANASE seront couverts d'ici 2002. Des dispositions ont été prises pour que les nouveaux membres, le Cambodge, le Laos, le Myanmar et le Viet Nam, bénéficient progressivement des mêmes conditions. À plus long terme, la sous-région se prépare à éliminer les droits d'importation sur tous les produits d'ici 2018. À titre intérimaire, 60 pour cent de tous les produits seront entièrement exonérés de droits d'ici 2003. Les taux tarifaires moyens pour les produits couverts par la TPCE devraient passer de 4,86 pour cent en 1999 à 2,75 pour cent en 2003. Ces dispositions s'appliquent à une vaste gamme de produits, agricoles aussi bien que non agricoles.

40. Outre le TPCE, d'autres développements favorisant les échanges commerciaux se sont produits, comme l'harmonisation douanière, l'établissement de normes et l'évaluation de leur observation, ainsi que l'échange d'information. De plus, le TPCE a également ouvert la voie à d'autres initiatives très importantes, notamment l'Accord-cadre sur la zone d'investissement de l'ANASE, la libéralisation du commerce et des services, et l'amélioration de la sécurité alimentaire et de la compétitivité des produits alimentaires, agricoles et forestiers de l'ANASE sur les marchés mondiaux. Tout cela influera fortement sur le redressement économique de l'ANASE, l'élimination de la pauvreté, ainsi que la sécurité alimentaire et la nutrition équilibrée.

41. Un autre résultat important de ces mesures collectives a été l'accroissement de la mobilité de la main-d'œuvre dans tous les pays de la région. Les envois d'argent par les travailleurs migrants et le fait que les familles sont moins tributaires de leur propre production agricole ont contribué à l'accroissement de la sécurité alimentaire. Le nombre de travailleurs migrants a atteint un niveau très élevé. D'après les estimations de l'Organisation internationale du travail, il y avait en 1997, avant la crise, 4,68 millions de travailleurs migrants, principalement dans six pays: la Malaisie (1,7 million), la Thaïlande (1,26 million), le Japon (0,7 million), Singapour (0,45 million), Hong-Kong (Chine) (0,3 million) et la République de Corée (0,27 million)1. La crise financière semblait avoir interrompu le flux de travailleurs migrants, dont 1 million avaient regagné leur pays d'origine en 1998 dans l'ensemble de la région. Mais les rapatriements ont apparemment ralenti ou ont cessé, en particulier en Malaisie, en Thaïlande et dans la République de Corée, surtout, bien entendu, parce que ces pays avaient besoin de ces travailleurs pour effectuer les tâches dont leur propre main-d'œuvre ne pouvait pas s'acquitter, en particulier dans les plantations et dans le secteur du bâtiment, ainsi que dans les industries manufacturières à faible intensité technologique. Les participants à plusieurs tribunes régionales sont convenus que le nombre de travailleurs migrants allait à nouveau augmenter à l'avenir, en conséquence de quoi les pays concernés ont adopté de plus en plus souvent des mesures conjointes pour:

42. Toutefois, une troisième initiative régionale visant à assurer une autosuffisance collective en constituant des stocks de réserve ne s'est pas avérée utile lors de la dernière série de catastrophes naturelles et du fléchissement de l'économie. Aucun pays, pas même les plus durement touchés, n'a puisé dans la réserve de sécurité alimentaire d'urgence de l'ANASE, et celle de l'ASACR n'a été utilisée par aucun pays de l'Asie du Sud à l'occasion des cyclones, des inondations et des sécheresses qui ont récemment frappé la sous-région. Ces réserves n'ont pas été mises à contribution depuis leur constitution, alors qu'elles auraient pu atténuer à plusieurs reprises les grandes difficultés causées par le manque d'approvisionnements. Les pays participant devraient peut-être réexaminer leurs accords pour voir comment les adapter davantage à leurs besoins actuels.

VI. CONCLUSION: LA VOIE DE L'AVENIR

43. Environ 18 mois après le Sommet mondial de l'alimentation, les efforts entrepris par les pays membres de la région pour s'acquitter des engagements qu'ils avaient contractés dans le cadre du Plan d'action ont été fortement compromis par la série de catastrophes naturelles destructrices entraînées par le phénomène El Niño et par le ralentissement économique déclenché par la crise financière asiatique. Après une année d'incertitude et de croissance négative en 1997/98, les économies des pays les plus durement touchés ont commencé à se redresser au cours du troisième trimestre de 1998. Les variables macroéconomiques telles que les taux de change, d'intérêt et de rémunération et les niveaux généraux des prix se sont stabilisées. On constatait une reprise des exportations et de la création d'emplois. La récession économique fut de courte durée, et la dépression vivement redoutée ne s'est pas matérialisée. La lutte contre la pauvreté et la sous-alimentation semblait être à nouveau sur la bonne voie.

44. Les résultats obtenus jusqu'ici ne sont pas encourageants. D'après les derniers renseignements disponibles, huit des 18 pays de la région n'ont pas suffisamment progressé sur la voie de la réduction de la sous-alimentation pendant la période 1980-1996 pour atteindre les objectifs du Sommet mondial de l'alimentation. Ils ne parviendront à réaliser des progrès accélérés au cours de la décennie à venir que s'ils sont capables, individuellement et collectivement, de procéder à plusieurs améliorations dans les secteurs critiques mis en relief dans le Plan d'action du Sommet.

45. Premièrement, ils doivent accroître la participation à la planification et à la mise en œuvre, en particulier en ce qui concerne les femmes et les organisations de la société civile. Les phases préparatoires de la sensibilisation et de l'établissement de liens sont maintenant dépassées et doivent être suivies de mesures concrètes favorisant la participation. Cela est plus difficile à faire qu'à dire, surtout dans des sociétés où la population participe traditionnellement peu à la gestion des affaires publiques.

46. Deuxièmement, les engagements pris par les pays dans le cadre du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation doivent être soutenus par des investissements. Sans une augmentation des fonds investis dans l'agriculture durable et le développement rural, la situation restera inchangée, et l'élimination de la pauvreté ne progressera pas dans de nombreux PFRDV. Mais, même dans les meilleurs des cas, le financement public a été insuffisant, et l'investissement privé n'a pas été attiré vers ce secteur parce que les projets concernant l'alimentation et l'agriculture sont lents à donner des résultats et rapportent peu. Il faut examiner de nouvelles orientations et consacrer des efforts particuliers à la mobilisation de capitaux pour le Plan d'action. On pourrait examiner les possibilités offertes par l'investissement direct étranger dans l'agriculture, les pêches et la foresterie, qui a longtemps été considéré comme non souhaitable. En fait, certains des pays les plus tournés vers l'avenir autorisent déjà la participation étrangère dans des secteurs jusque-là protégés et fermés à celle-ci. Il s'agit notamment des aliments pour animaux, des semences, ainsi que des machines et de l'équipement en Chine, de l'huile de palme en Indonésie et dans les Philippines, de la transformation des produits alimentaires en Malaisie, de l'aquaculture en Inde, et du poulet de chair et des aliments destinés au bétail en Indonésie. En outre, les autorités pourraient aussi accorder plus fréquemment des incitatifs et des privilèges spéciaux tels que le statut de pionnier, des avantages fiscaux et une aide pour l'infrastructure et les services à ceux qui investissent dans ces secteurs.

47. Troisièmement, les prochaines étapes seront plus faciles à franchir si, lors de tout nouveau cycle de négociations commerciales, les pays s'emploient conjointement à protéger les intérêts des milliards de pêcheurs, d'habitants des régions forestières et de petits agriculteurs pratiquant une économie de subsistance ainsi que ceux des pauvres habitant les zones urbaines. Suite à la conférence ministérielle de Seattle, les pays concernés doivent impérativement préparer leur position de négociation en cherchant à assurer durablement la sécurité alimentaire et une nutrition équilibrée pour leurs populations vulnérables sans perdre de vue l'objectif d'un mode de vie plus juste, plus équitable et plus respectueux de l'environnement. On entend dire de plus en plus souvent que les objectifs commerciaux ne devraient pas prendre le pas sur les aspirations sociales. Dans la pratique, les accords commerciaux ne doivent pas entraîner la déstabilisation des personnes vulnérables ou la réduction de leurs droits, et il faut procéder à l'application effective de la décision ministérielle de l'Accord du cycle d'Uruguay sur la nécessité d'indemniser les pays les moins développés et les pays importateurs nets de denrées alimentaires auxquels la libéralisation du commerce porte préjudice.

48. Quatrièmement, les pays en développement doivent, individuellement et collectivement, jouer un plus grand rôle dans la recherche et le développement de l'agriculture durable. L'examen réalisé à la mi-1998 par le Groupe consultatif sur la recherche agricole internationale cherchait à améliorer la gestion de la recherche agricole internationale, à augmenter sa rentabilité et à renforcer les liens entre les parties prenantes. On s'attendait à ce qu'il permette d'améliorer le transfert de technologies et de renforcer les programmes nationaux de sécurité alimentaire. Cela ne sera possible que si les pays en développement accroissent leur participation à la planification, la mise en œuvre, le suivi et l'évaluation de la recherche agricole internationale.

49. Enfin, les pays en développement doivent s'efforcer avec vigueur de protéger et de concrétiser les droits des agriculteurs sur les ressources génétiques lors des négociations en cours sur cette importante question pour favoriser une agriculture durable et l'atteinte de la sécurité alimentaire.

 


 

Annexe 1

Suivi du Sommet mondial de l'alimentation:

Rapport sur les stratégies pour le développement agricole et la sécurité alimentaire, région de l'Asie et du Pacifique

1. Le présent rapport a pour objet d'informer la Conférence régionale des mesures prises par la FAO relativement aux stratégies nationales et régionales formulées dans la région de l'Asie et du Pacifique pour assurer le suivi du Sommet mondial de l'alimentation. L'Annexe 2 présente un rapport détaillé sur la mise en œuvre du Programme spécial pour la sécurité alimentaire de la FAO dans la région Asie-Pacifique.

Projets de stratégies pour le développement agricole national - horizon 2010

2. Les Projets de stratégies pour le développement agricole national - horizon 2010, qui ont été préparés à l'initiative de la FAO pour 150 pays membres en développement et pays en transition, représentent la première étape du suivi du Sommet mondial de l'alimentation. Ils ont été rédigés en vue i) d'aider les gouvernements des pays membres à remplir à l'échelon national les engagements pris à l'échelon mondial; ii) d'instituer un partenariat étroit avec tous les organismes internationaux de développement, notamment ceux du système des Nations Unies, afin d'appuyer l'élaboration et l'application des stratégies agricoles des gouvernements membres; et iii) de contribuer à inciter les instances nationales et internationales à accorder une place prioritaire à l'investissement agricole dans leurs programmes. Fondés sur des textes gouvernementaux officiels, notamment des documents de synthèse nationaux préparés pour le Sommet mondial de l'alimentation, et des données pertinentes provenant de la FAO et d'autres sources officielles, ces projets ont été examinés par des hauts fonctionnaires des gouvernements concernés et en intègrent les observations.

3. Il est important de mettre à jour et, si nécessaire, de modifier les stratégies nationales, afin de garantir la cohérence des politiques et des programmes en matière de sécurité alimentaire durable établis au niveau national et à celui des ménages avec l'évolution de la situation socio-économique et de la sécurité alimentaire dans chaque pays membre. C'est pourquoi, à partir de la fin de l'année 1999, des ateliers ont été organisés pour assurer le suivi de leur mise en œuvre et à en actualiser les modalités. Ces ateliers nationaux, organisés par les gouvernements concernés, devaient réunir toutes les parties prenantes appropriées: hauts fonctionnaires, commissions parlementaires, acteurs de la société civile, secteur privé, organisations non gouvernementales et partenaires du développement.

Stratégies régionales de soutien au développement agricole et à la sécurité alimentaire

4. Bien que la plupart des problèmes liés à la pauvreté et à l'insécurité alimentaire présentent des spécificités nationales, la FAO a entrepris d'étendre sa coopération avec les Groupements économiques régionaux et sous-régionaux de pays en développement et de pays en transition, afin de renforcer les politiques et programmes nationaux et de mettre à profit les synergies et les complémentarités régionales et sous-régionales. La FAO est prête à aider ces groupements à formuler des politiques et des programmes destinés à favoriser la production agricole et alimentaire durable, un meilleur accès à l'alimentation, la salubrité des aliments, et la promotion du commerce des produits alimentaires et agricoles aux niveaux national, sous-régional et régional.

5. Dans cet esprit, la FAO, en collaboration avec les institutions régionales et sous-régionales pertinentes de l'Afrique, du Proche-Orient, de l'Asie et du Pacifique, de l'Europe centrale et orientale, y compris la Communauté des États indépendants, et de l'Amérique latine et des Caraïbes, élabore actuellement pour chaque groupement correspondant une Stratégie régionale de soutien au développement agricole et à la sécurité alimentaire.

6. Chaque stratégie régionale est largement, mais pas exclusivement, fondée sur les conclusions, résultats et recommandations politiques clés des Stratégies pour le développement agricole national - horizon 2010. Elle souligne les caractéristiques communes aux pays membres en matière d'agriculture et de sécurité alimentaire, identifie les principales différences en ce qui concerne leur dotation en ressources et leurs paramètres politiques, recommande des options politiques et des axes stratégiques pour la coopération entre les membres des groupements économiques concernés et propose des estimations provisoires des besoins d'investissement dans l'agriculture pour la période 1998-2010.

7. Les stratégies régionales sont complétées par les Programmes régionaux pour la sécurité alimentaire (PRSA), conçus pour mettre en œuvre les principaux éléments des stratégies. À l'échelle mondiale, trente-quatre groupements économiques régionaux ont été invités initialement à collaborer à la préparation de leurs stratégies régionales et programmes régionaux respectifs, des projets de stratégies et des documents de projet étant établis en conséquence. L'élaboration conjointe des stratégies et des programmes est en cours.

8. Des stratégies régionales et des programmes régionaux ont été préparés pour les groupements économiques régionaux et sous-régionaux suivants, qui intéressent les pays membres de la région Asie-Pacifique :

9. D'autres groupements économiques régionaux ou sous-régionaux, qui incluent les mêmes membres que ceux pour lesquels sont préparées des stratégies régionales, ont été mis au courant de cette initiative au moyen de brefs documents établis sur la base des principales conclusions et recommandations des stratégies régionales. Tel est le cas, dans l'Asie et le Pacifique, de l'Association de coopération régionale des rives de l'océan Indien, de l'Organisation de la conférence islamique, du Conseil de coopération économique du Pacifique et de la Communauté du Pacifique.

Programmes régionaux pour la sécurité alimentaire (PRSA)

10. Les programmes régionaux portent principalement, dans le contexte des stratégies nationales et régionales respectives, sur les questions de caractère régional qu'il est plus facile de résoudre au niveau régional. Le principal objectif de ces programmes est d'améliorer de façon durable l'accès de toutes les personnes de la région, à tout moment, à une nourriture suffisante pour mener une vie saine et active, grâce à une augmentation de la productivité, de la production et du commerce des cultures vivrières.

11. En ce qui concerne l'augmentation de la productivité et de la production, l'accent est mis sur le soutien au Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA) et sur son expansion, notamment pour ce qui est de sa phase micro-économique, ainsi que sur l'assistance à l'examen et à la formulation des politiques, la préparation de programmes d'investissement dans les sous-secteurs de l'agriculture, et l'identification et la formulation de projets viables aux fins d'un financement interne et externe.

12. En ce qui concerne le commerce, l'accent est mis sur des politiques et mesures harmonisées visant à faciliter le commerce en réduisant les obstacles sanitaires et phytosanitaires, ainsi que les obstacles techniques et en encourageant la réduction et l'harmonisation des tarifs et l'adoption des normes internationales du Codex Alimentarius. Ces mesures pourraient conduire à une spécialisation locale et nationale grâce au renforcement de la concurrence et permettre de mieux mettre à profit les avantages comparatifs des pays membres des groupements économiques régionaux pour renforcer la sécurité alimentaire et le développement économique général.

13. Dans le cadre des ateliers nationaux d'une journée mentionnés au paragraphe 3 ci-dessus, des résumés des stratégies régionales pertinentes ont été présentés aux participants, afin de les mettre au courant des initiatives entreprises par la FAO pour appuyer les groupements économiques régionaux.

 


 

Annexe 2

Suivi du Sommet mondial de l'alimentation: Le Programme spécial
pour la sécurité alimentaire de la FAO

I. HISTORIQUE, OBJECTIFS ET PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES

1. Le Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA) a été lancé après avoir été approuvé à l'unanimité par le Conseil de la FAO en 1994. Il a ensuite été adopté au Sommet mondial de l'alimentation en novembre 1996 lorsque les chefs d'État et de gouvernement se sont engagés à faire de la sécurité alimentaire une priorité des efforts nationaux de développement (pays bénéficiaires) ou des politiques de soutien au développement (pays donateurs). Le Sommet a approuvé en outre sept engagements fondamentaux visant à réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde d'ici 2015. Les principaux objectifs du PSSA sont d'aider les pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV) à augmenter rapidement et durablement la production alimentaire et la productivité, à réduire les variations de la production d'une année à l'autre et à améliorer l'accès à la nourriture, pour contribuer à assurer l'équité et à réduire la pauvreté (voir Tableau 1). Le programme devrait donc concourir substantiellement à la mise en application des engagements fondamentaux du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation, et plus particulièrement des trois suivants:

2. Les caractéristiques centrales de la stratégie du PSSA sont la prise en charge nationale, le partenariat avec les partenaires du développement, notamment les pays donateurs et les institutions financières multilatérales, la participation des agriculteurs et des autres parties prenantes, l'accent sur la modernisation technique, la priorité aux petits agriculteurs, la parité et l'approche intégrée, multidisciplinaire et graduelle.

3. La mise en œuvre du programme par les gouvernements et les communautés rurales s'effectue en deux phases. Les démonstrations sur le terrain de la Phase I incluent la mobilisation et la formation du personnel et des agriculteurs locaux ainsi que la fourniture de semences, d'outils et de matériel. Les quatre composantes interdépendantes et complémentaires de cette phase sont: la maîtrise de l'eau, notamment les petits ouvrages d'irrigation et de drainage, la collecte de l'eau et sa gestion au niveau des exploitations agricoles; l'intensification des systèmes de production végétale durables; la diversification vers l'aquaculture, la pêche artisanale et l'élevage de petits animaux; et l'analyse des contraintes socio-économiques. Les résultats obtenus au cours de chaque saison dans les sites de démonstration sont quantifiés et analysés pour réorienter les opérations et fournir une base analytique solide en vue de leur reproduction dans d'autres sites, y compris des sites urbains et périurbains.

4. La Phase II, le niveau macro-économique du PSSA, s'appuie sur des plans d'action préparés au niveau national qui prennent en considération les obstacles et les possibilités d'action recensées au cours de la phase précédente. Chaque plan est composé de politiques alimentaires et agricoles nationales visant à surmonter les contraintes macro-économiques et sectorielles et à créer un contexte favorable à la production, la transformation et la commercialisation des biens agricoles et à l'accès à la nourriture; un programme d'investissement agricole pour améliorer l'infrastructure matérielle et augmenter le financement public et privé des activités et des services agricoles; et des études de faisabilité des projets prêts à être exécutés.

5. Pour faciliter une mise en œuvre correcte des objectifs et de la stratégie, le programme aide les pays à mettre sur pied un cadre institutionnel à différents niveaux, à mobiliser des ressources financières nationales et internationales et à élaborer un système novateur de coopération Sud-Sud (CSS).

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II. PRINCIPALES RÉALISATIONS

6. Plus de 75 pays en développement ont demandé à participer au PSSA. Les leçons apprises et les résultats obtenus dans une vingtaine de pays au cours des trois premières années ont contribué depuis deux ans à l'expansion des activités en cours dans les pays et à l'incorporation rapide de nouveaux pays. À la fin du mois de mars 2000, le programme était opérationnel dans 60 pays, dont 13 en Asie et 2 en Océanie, ainsi que 36 en Afrique, 2 en Europe orientale et 7 en Amérique latine. La formulation du programme était en cours dans 17 autres pays, dont 6 dans la région Asie-Pacifique. Les paragraphes qui suivent résument la situation et les principaux résultats de l'exécution de la Phase I dans la région Asie-Pacifique.

Résultats des activités de la Phase I

7. Chacune des activités en cours dans un pays au titre de la Phase I dispose de son propre système de suivi et de présentation de rapports, ce qui commence à fournir une quantité importante de renseignements sur les résultats du PSSA. L'unité de coordination et de suivi du PSSA compile régulièrement les données ainsi obtenues et les publie sous forme de fiches d'information sur les pays. Ces fiches sont mises à jour tous les trois mois par les équipes nationales avec l'aide des représentants de la FAO et de l'agent de projet responsable dans le pays, le cas échéant. Les résultats de l'exécution de la Phase I confirment qu'on peut réellement augmenter la production agricole et les revenus des agriculteurs, mais qu'il faut surmonter plusieurs obstacles critiques (de nature physique, financière, économique ou politique). Les activités de la Phase I ont généralement incité les communautés agricoles des pays participant à adopter des techniques améliorées, accroître leur production alimentaire et augmenter ainsi leur revenu agricole. Vu les résultats positifs qui ont été obtenus, les communautés agricoles et les gouvernements participant appuient fermement le PSSA. (Voir aussi Encadré 1).

 

Encadré 1 – Exemples de réalisations du PSSA dans la région

En Chine, le programme spécial est opérationnel depuis mai 1995 dans la province du Sichuan. Quelque 3 000 agriculteurs – pour moitié, des agricultrices – sont directement associés aux activités de démonstration. Le PSSA est mis en œuvre dans 20 sites situés dans 10 comtés. La FAO appuie le volet diversification (élevage et production de riz, de poisson et d’arbres fruitiers) dans 19 villages de 10 comtés en lui affectant 69 978 dollarsE.-U. provenant des fonds du Programme ordinaire affectés au PSSA. Le revenu moyen des agriculteurs participants a augmenté en moyenne en 1996 de 19 pour cent par rapport à 1995 et de 16 pour cent par rapport à 1994. L’augmentation observée en 1996 était due pour 58 pour cent à l’accroissement de la production céréalière, pour 24 pour cent à l’augmentation de la production de bétail, pour 12 pour cent à l’augmentation de la production des cultures commerciales et, pour 6 pour cent, à d’autres sources. En outre, une formation a été dispensée à des milliers d’agriculteurs, et les systèmes d’irrigation ont été considérablement améliorés. Vu ces bons résultats, les autorités de cette province souhaitent étendre les activités de démonstration à 10 autres comtés.

Une mission de formulation multidisciplinaire FAO-Chine constituée pour la phase d’expansion et financée par le PNUD s’est rendue dans ce pays en janvier-février 1999. L’estimation du coût total de l’expansion du programme pendant une période de quatre ans est de 40 à 50 millions de dollars E.-U., dont la moitié serait demandée à des donateurs. Cette proposition a été discutée lors d’une réunion des donateurs, tenue à Beijing en juillet 1999, au cours de laquelle le PNUD ainsi que les gouvernements de l’Italie, de l’Australie et de l’Irlande ont exprimé leur intérêt à y participer éventuellement. Une proposition prévoyant un budget de 2,5 millions de dollars E.-U. (qui serait complété par le versement d’un montant identique par la Chine) a été soumise pour examen au Gouvernement de l’Australie.

La Chine a signé des accords avec l’Éthiopie, le Bangladesh, le Mali et la Mauritanie pour leur fournir de l’aide dans le cadre de la coopération Sud-Sud, et un autre accord devrait être bientôt signé avec le Ghana. La Chine pourrait aussi prêter assistance à la République démocratique du Congo, à la Côte d’Ivoire, au Gabon et à la Guinée.

Au Cambodge, le Ministère de l’agriculture, de la foresterie et des pêches est satisfait du PSSA parce que son approche novatrice motive les agriculteurs et donne de bons résultats sur le terrain. La méthodologie du PSSA est un instrument intéressant pour améliorer et stabiliser la production de denrées alimentaires et pour améliorer les services de vulgarisation agricole. Le comité directeur a notamment recommandé l’adoption à l’échelle nationale de la formation en cours d’emploi et de l’approche participative à la vulgarisation.

Le Ministre de l’agriculture a demandé l’aide de la FAO pour assurer la poursuite du programme et son extension à d’autres provinces. Pendant la deuxième phase du projet, les principaux objectifs et domaines d’activité sont la sécurité alimentaire, la gestion de l’environnement et les aspects socio-économiques de la population. Le Gouvernement du Cambodge cherche à réunir des partenaires pouvant appuyer sa demande. Des discussions ont eu lieu avec des donateurs bilatéraux, notamment l’Australie, la Belgique, la République de Corée, le Japon et les Pays-Bas, ainsi qu’avec la Banque asiatique de développement et la Banque mondiale. Le Bureau de coopération de la Belgique, à Phnom Penh, a demandé une proposition concernant son appui futur au PSSA, et un avant-projet a été préparé. Le principal problème concerne la mobilisation de l’appui des donateurs pour l’expansion du PSSA, étant donné que le gouvernement du Cambodge manque, dans une large mesure, des ressources nécessaires.

Le Directeur général a choisi le Cambodge et la Chine pour y effectuer une visite de haut niveau en septembre 2000, à laquelle devraient participer des représentants de haut rang des pays membres de la FAO et des institutions financières internationales.

Maîtrise de l'eau

8. Dans de nombreuses zones agro-écologiques des pays en développement, la maîtrise de l'eau est essentielle pour accroître la production de denrées alimentaires et prévenir les fortes fluctuations annuelles. Les pratiques requises incluent la gestion de l'eau et l'irrigation, plus spécialement l'accent sur une vaste gamme d'infrastructures et de techniques peu coûteuses particulièrement adaptées aux méthodes de production des petits agriculteurs. Dans certains pays comme le Népal et le Pakistan, la Phase I est jusqu'à présent entièrement basée sur la promotion de techniques améliorées de gestion de l'eau et d'irrigation et l'intensification des activités connexes, alors que dans des pays comme la Chine, le Cambodge et la Mongolie, les activités de démonstration ont couvert l'agriculture pluviale et l'agriculture irriguée. En Chine et en Papouasie- Nouvelle-Guinée, les activités de la Phase I ont été mises en œuvre seulement pour les cultures pluviales, et elles sont en train d'être étendues pour inclure l'irrigation.

9. Les démonstrations d'irrigation sont axées sur les techniques d'utilisation efficace de l'eau, la promotion des associations d'utilisateurs d'eau, la prévention des problèmes liés à l'irrigation tels que l'engorgement, la salinité ou l'alcalinité, et la prévention de la pollution des eaux souterraines causée par l'utilisation intensive d'engrais chimiques dans l'agriculture irriguée. Les activités de gestion de l'eau devraient aussi inclure la prévention des maladies pouvant être transmises par l'eau.

10. Au Cambodge, les principaux changements apportés aux systèmes de culture ont été l'introduction de nouvelles variétés de riz à haut rendement et de nouvelles semences de légumes, ainsi que de meilleures méthodes de culture grâce à la création d'écoles de terrain pour les agriculteurs. Les effets combinés d'une meilleure gestion de l'eau, de l'emploi de semences certifiées et de pratiques appropriées pour l'utilisation d'engrais a nettement augmenté les rendements de riz. En 1998, pendant la saison sèche, le rendement moyen des six sites pilotes a augmenté de 30 pour cent, passant de 2,0 tonnes à 2,6 tonnes par hectare après les démonstrations du PSSA. Les agriculteurs attribuent en grande partie ces augmentations de rendement aux effets de la meilleure gestion de l'eau (qui, selon 80 pour cent d'entre eux, accroîtrait en moyenne le rendement de 300 kg/ha). L'augmentation due à l'utilisation de résidus de coupe comme engrais dans les parcelles de démonstration était évaluée à 300 kg/ha, et celle due à l'utilisation de semences certifiées de variétés à haut rendement serait de 150 kg/ha. La part des cultures autres que le riz, par exemple les légumes, dans le système de culture basé sur le riz était passée de 33 à 67 pour cent pour tous les agriculteurs en une saison. Le pourcentage d'agriculteurs des zones ciblées par le PSSA signalant des pénuries alimentaires était tombé de plus de 50 à 15 pour cent après une saison de démonstration du programme, alors que le nombre de ceux qui déclaraient avoir un excédent de denrées alimentaires en 1998 était passé de 10 à 40 pour cent.

11. Les résultats du Népal révèlent des augmentations de 10 à 42 pour cent dans 19 sites produisant une grande variété de cultures vivrières irriguées. L'intensité des cultures a augmenté de 30 à 60 pour cent. La superficie exploitée en irrigation pérenne a augmenté de 15 pour cent en une campagne. Par l'entremise de leurs associations, les utilisateurs de l'irrigation participent activement au processus décisionnel en ce qui concerne la création et l'utilisation du potentiel d'irrigation. Les techniques de gestion de l'eau pratiquées à l'intérieur des exploitations des zones de collines et de terai sont efficaces. Une analyse financière et économique réalisée sur deux sites PSSA au Népal révélait des résultats encourageants avec un taux de rapport économique interne de 47-89 pour cent. Les agriculteurs ont beaucoup appris au sujet des façons d'utiliser l'eau plus efficacement. Les associations d'utilisateurs continueront vraisemblablement leurs activités, puisque les faits en montrent l'utilité.

12. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, la composante maîtrise de l'eau, financée par le Programme de coopération technique de la FAO, a été ajoutée en juin 1998. Elle prévoit l'introduction de deux petits programmes pour le riz (10 ha), 10 à 15 programmes de micro-horticulture et deux programmes de démonstration dans les fermes modèles. L'irrigation étant une pratique nouvelle dans cette zone, différentes techniques - notamment l'irrigation de surface, l'irrigation en goutte-à-goutte localisée et l'utilisation de pompes à pédale à faible élévation - seront testées et, le cas échéant, adaptées. L'introduction de cette composante ira de pair avec une formation individuelle et collective appropriée, prenant dûment en compte la situation en matière de propriété des terres. Les premiers résultats sont très prometteurs, les agriculteurs producteurs de légumes ayant réalisé des marges bénéficiaires nettes très élevées.

13. Au Pakistan, le Ministre fédéral de l'alimentation, de l'agriculture et de l'élevage a inauguré la moisson du premier champ de blé (1999) cultivé dans le cadre du PSSA à Sargodha le 18 avril 1999. Le public assistant à cette cérémonie était nombreux: agriculteurs des villages voisins, cadres supérieurs de l'administration locale, députés, le maire de Sargodha ainsi que des dignitaires locaux. Le représentant de l'organisation du village a chanté les louanges du projet parce qu'il permettait d'augmenter la productivité alimentaire avec la pleine participation de la communauté par l'entremise de l'association des utilisateurs d'eau et de l'organisation du village. Les idées sur lesquelles repose le programme, ainsi que les méthodes et les stratégies utilisées pour augmenter les rendements sont simples et peuvent êtres appliquées ailleurs. Les estimations du rendement établies par le service des statistiques ont montré que le nombre de buttes par acre était passé à 58, alors que la moyenne nationale est de 22. Le ministre a exprimé sa satisfaction au sujet de l'augmentation de rendement et a félicité la FAO pour cette initiative.

14. En Mongolie, les résultats des démonstrations effectuées en 1998 montrent que les agriculteurs participants ont obtenu, pour différentes cultures, des rendements de 14 à 41 pour cent supérieurs à ceux de leurs voisins. On estime que huit participants ont gagné plus du double du revenu moyen estimé de 1997, et le revenu moyen a augmenté de 69 pour cent. Pendant la campagne agricole de 1999, les agriculteurs ont ensemencé environ 28 hectares de cultures (10,9 ha de carottes, 5,0 ha de navets, 7,2 ha de choux, 3,3 ha de concombres et 2,0 ha d'autres cultures). On s'attend à des résultats identiques.

Intensification des cultures

15. L'intensification agricole améliore l'efficacité de certaines pratiques (préparation des sols, variétés, épandage d'engrais, etc.) et aussi celles des ensembles technologiques utilisés pour la production et la transformation. Dans le cadre du PSSA, les premières sont généralement prédominantes dans les zones non irriguées, alors que les ensembles technologiques sont plus courants dans les zones irriguées. L'intensification des cultures était axée initialement sur quelques produits (riz, maïs), mais elle a été étendue au sorgho, au blé, au mil, au manioc, à l'igname et à l'horticulture au cours des dernières campagnes. Les données de suivi indiquent que les systèmes et les technologies agricoles améliorés promus par le programme ont été largement adoptés et permettent d'améliorer sensiblement les rendements et le revenu.

16. L'intensification des cultures a donné des résultats positifs en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Chine, au Cambodge et en Mongolie. Elle a porté principalement sur l'amélioration des pratiques culturales en sec, et les résultats ont été généralement encourageants.

17. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, les démonstrations ont commencé en janvier 1996; elles couvraient le maïs, le riz et les légumes cultivés selon un système incluant notamment la production animale. Les démonstrations pilotes étaient conçues pour la culture en sec. Les sécheresses dues au phénomène El Niño ont clairement montré la nécessité de mesures supplémentaires de maîtrise de l'eau. Les rendements de maïs ont atteint 2,1 tonnes/ha en 1997. Une analyse coûts-avantages réalisée par le bureau sous-régional de la FAO pour les îles du Pacifique a révélé un résultat négatif pour ce niveau de production aux prix alors en vigueur sur le marché pour le maïs. La production de riz a atteint 3,8 tonnes/ha en 1998 avec des marges brutes d'environ 100 dollars E.-U./ha.

18. En Chine, les augmentations de la production céréalière ont atteint entre 62 et 65 pour cent en 1997, et la disponibilité alimentaire par agriculteur était, cette même année, de 60 pour cent supérieure à celle de 1994, c'est-à-dire avant le PSSA.

Diversification concernant les petits animaux et les pêches

19. La composante diversification, ciblée plus particulièrement sur les femmes et les petits agriculteurs, crée de nouvelles compétences pour l'élevage de petits animaux, l'apiculture, la pisciculture et les pêches artisanales. L'incorporation de cette composante dans le PSSA a été renforcée depuis 1999, et ses effets ne se sont donc pas encore complètement fait sentir. La diversification convient toutefois généralement bien aux petits agriculteurs, et les activités progressent de façon satisfaisante dans de nombreux pays.

20. Au Népal, la diversification entreprise dans le cadre du PSSA se compose de démonstrations concernant le bétail et l'aquaculture. Les démonstrations concernant le bétail se font depuis 1998, et les agriculteurs ont reçu une formation en matière de gestion du bétail, de production et de santé animale (formation de techniciens en santé animale de village). Les résultats obtenus pour ce qui est de l'amélioration de la gestion et de la production sont encourageants. Les activités piscicoles ont bien progressé. Sept étangs (1,73 ha de superficie en eau) ont produit trois tonnes métriques de poisson. En outre, la pisciculture pratiquée par des groupes de femmes dans le district de Nawalparasi a eu d'importantes répercussions socio-économiques: 12 groupes réunissant 284 participantes ont produit cinq tonnes métriques de poisson dans 12 étangs d'une superficie totale de 2,64 ha, et leur revenu total était estimé à 8 000 dollars E.-U.. En tout, 225 femmes ont reçu une formation en pisciculture.

21. En Chine, la composante diversification concernant les démonstrations relatives à l'élevage ainsi qu'à la production de poisson et de fruits a été mise en œuvre au milieu de l'année 1997. Les participants étaient 305 ménages d'agriculteurs, dont 431 femmes, vivant dans plus de neuf villages de cinq comtés. Cette composante est exécutée en parallèle avec des démonstrations de variétés et de technologies nouvelles pour la culture des céréales dans deux des cinq comtés. Ces activités ont permis, en 1998, la production de 3 462 lapins de chair, 251 chèvres, 324 porcs de table, 805 poulets de chair, 7 750 canards de ponte et de chair et 4 246 oies de chair, et 7,21 hectares ont été utilisés pour la démonstration de l'association entre la pisciculture et les cultures fruitières. Une formation a été fournie à 3 636 personnes des cinq comtés d'octobre 1997 à juillet 1998. Cette composante a donné de bons résultats en ce qui concerne l'amélioration de la nutrition et de la santé, l'augmentation du revenu agricole et le renforcement des compétences en vue de la génération de revenus dans l'avenir.

22. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, des techniciens et des groupes d'agriculteurs ont reçu une formation en aquaculture et en élevage de lapins. Des programmes de multiplication sont en place.

23. Au Cambodge, des vaccinations de volaille contre la maladie de Newcastle et l'administration d'antibiotiques à des porcs ont été effectuées pour réduire les taux de maladie et de mortalité, qui étaient très élevés. Dans six sites sur sept, les taux de mortalité ont fortement diminué en 1998 et 1999. Le taux de survie des poulets est passé de 25 à 75 pour cent, et le taux de mortalité des porcs est tombé de 35 à 10 pour cent.

Analyse des contraintes

24. Il est essentiel d'analyser et d'éliminer les contraintes au niveau des agriculteurs pour faciliter le développement participatif des systèmes agricoles concrets. De même, même si de nombreux pays de la région ont procédé à des réformes structurelles pour créer un contexte institutionnel et politique favorable au développement de l'agriculture, la répétition à grande échelle des méthodes nouvelles qui ont fait leur preuve à petite échelle nécessite habituellement que diverses contraintes soient surmontées en aval et en amont. Une analyse ad hoc des contraintes a été effectuée dans le cadre du PSSA pour formuler les premiers documents de programme nationaux.

25. Toutefois, depuis 1997, la formulation et l'exécution de tous les programmes des différents pays ont inclus officiellement l'identification participative et multidisciplinaire des contraintes et des moyens de les éliminer. D'importants progrès ont été réalisés, en particulier au niveau des agriculteurs et des ménages. Il est cependant encore nécessaire de consacrer plus d'efforts à l'analyse des contraintes aux niveaux sectoriel et macro-économique et de prendre davantage conscience de son rôle essentiel en tant que condition préalable au lancement de la Phase II du PSSA. De nombreux pays profitent de l'extension de la Phase I à de nouveaux sites pour élargir la portée de l'analyse des contraintes.

Autres résultats

26. La Phase I a une incidence positive sur la formation et le renforcement des capacités institutionnelles à différents niveaux. Un nombre considérable d'agriculteurs (surtout des femmes et des petits exploitants) et d'employés d'organismes publics et d'ONG reçoivent une formation, notamment au moyen de démonstrations technologiques, d'ateliers et de diverses activités de diffusion. Le programme contribue également à instaurer une collaboration et un dialogue constructifs entre les agriculteurs, leurs associations, les ONG et le secteur public, inversant ainsi les anciennes tendances à l'isolement ou à la confrontation. Des comités directeurs, dotés des moyens nécessaires pour gérer les programmes de sécurité alimentaire, sont progressivement mis en place aux niveaux national, régional et local.

III. COOPÉRATION SUD-SUD: APPROCHE ET RÉSULTATS INITIAUX

27. L'initiative de la Coopération Sud-Sud a été lancée par le directeur général en 1996 dans le cadre du PSSA en vue de permettre à certains pays de bénéficier des connaissances spécialisées accumulées par des pays en développement plus avancés. Elle doit permettre de relancer la coopération entre les pays en développement qui, par le passé, n'a été qu'une demi-réussite en raison, notamment, du manque de devises nécessaires pour couvrir les frais de transport international et les indemnités, préparer les études de faisabilité et prendre en charge les frais opérationnels et les autres coûts de la mise en œuvre. La Coopération Sud-Sud comble ces lacunes grâce à l'appui accordé par la FAO et les donateurs bilatéraux et multilatéraux aux pays participant au PSSA. Elle complète les accords CTPD qui ont, par nature, une portée à plus court terme.

28. La Coopération Sud-Sud associe quelques fonctionnaires expérimentés et un assez grand nombre de techniciens ayant une bonne expérience pratique du terrain dans le secteur agricole, qui doivent travailler en contact direct avec les agriculteurs, durant deux à trois ans, dans des communautés rurales participant au programme. Les équipes doivent non seulement introduire des méthodes améliorées de développement agricole durable pouvant être réappliquées ailleurs, mais aussi, par leur engagement et leur exemple, elles doivent encourager fortement les changements à l'intérieur des structures agricoles auxquelles elles sont affectées. Le nombre d'experts et de techniciens nécessaires est déterminé au cas par cas, mais il doit atteindre une masse critique, et les sites couverts doivent représenter toutes les régions agro-écologiques du pays. Ces experts et techniciens sont envoyés sur le terrain selon un calendrier échelonné et doivent jouer un rôle essentiel en aidant les équipes nationales dans l'exécution et l'expansion de la Phase I.

29. Plus de 37 pays en développement se sont déclarés intéressés à contribuer à l'aide fournie par le PSSA. Sur les 240 experts et techniciens détachés sur le terrain dans cinq pays d'Afrique à la fin mars 2000, 188 provenaient de quatre pays d'Asie (Bangladesh, Chine, Inde et Viet Nam). Le Viet Nam collabore avec le Sénégal depuis avril 1997, et 100 experts et techniciens travaillent sur le terrain. Au Bénin, 19 Vietnamiens sont déjà présents. Un premier groupe composé de 20 experts et techniciens chinois est arrivé en Mauritanie en septembre 1999. Huit experts et techniciens du Bangladesh sont arrivés en Gambie en septembre 1999. En Érythrée, 23 experts et techniciens indiens sont arrivés sur le terrain en 1999 suite à l'envoi antérieur d'une équipe de planification préalable.

30. Plusieurs pays d'Asie et d'Afrique ont signé des accords tripartites avec la FAO. En ce qui concerne, par exemple, l'Éthiopie et la Chine, ce dernier pays a envoyé une équipe de reconnaissance en 1998 et 1999, et 30 experts et techniciens chinois devraient être détachés bientôt en Éthiopie, et 35 autres au Mali. Une quinzaine d'experts et de techniciens chinois devraient arriver d'ici peu au Bangladesh. Environ 18 experts et techniciens vietnamiens sont censés arriver à Madagascar au début de l'an 2000.

31. En Asie, dans le cadre du PSSA, il est prévu que les Philippines prêteront main forte à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, et le Sri Lanka au Népal. La Thaïlande pourrait aussi venir en aide au Myanmar et au Cambodge, et le Viet Nam au Laos. De même, l'Inde a proposé son aide à la Mongolie. Des missions conjointes de formulation doivent se rendre dans ces trois derniers pays.

IV. ORGANISATION ET RESSOURCES DE LA PHASE I

Cadre institutionnel et gestion

32. Vu sa complexité et sa décentralisation, le PSSA nécessite des structures institutionnelles bien établies aussi bien dans les pays participant qu'à la FAO. Les pays participant ont été aidés à ériger des mécanismes qui facilitent la mise en œuvre du PSSA et sa pleine intégration avec le système et les programmes institutionnels ruraux nationaux, ainsi qu'avec les autres programmes spécifiques de sécurité alimentaire. Le cadre institutionnel recommandé comprend principalement:

33. Ce mécanisme institutionnel a été mis en place dans la plupart des pays où le PSSA est en cours d'exécution depuis le deuxième semestre 1997. La structure institutionnelle n'est toutefois pas encore totalement installée dans certains d'entre eux.

34. La FAO a constitué une structure de gestion composée du comité mixte du PSSA, présidé par le Directeur général, d'un comité des politiques générales et d'un comité d'exécution, ainsi que d'une unité de suivi et de coordination. L'Organisation accordant une priorité absolue à ce programme, toutes les structures opérationnelles et techniques de la FAO, au siège et dans les bureaux décentralisés, collaborent très activement avec le PSSA. Ce programme bénéficie également des conseils d'un groupe de contrôle extérieur, qui se réunit chaque année, et des études effectuées par l'inspecteur de terrain principal et par des inspecteurs de terrain régionaux indépendants. En outre, un nombre considérable de documents d'appui traitant des aspects techniques ou opérationnels des questions de communication contribuent également à l'exécution du PSSA.

35. Au cours des deux dernières années, ces études et ces rapports ont souligné, entre autres, trois aspects de la gestion. Premièrement, l'exécution du programme est désormais facilitée par un ensemble (toutefois encore incomplet) de documents spécialisés de la FAO. Ces documents sont publiés systématiquement dans une série de manuels composés de trois volumes séparés: Aperçu, Préparation et exécution des programmes nationaux, et Gestion et coopération internationales. Deuxièmement, des efforts particuliers s'imposent encore pour faire connaître le concept et les stratégies du PSSA aux différentes autorités nationales et aux donateurs, et pour intégrer ce programme dans les structures nationales établies en veillant à sa coordination avec ces dernières ainsi qu'avec d'autres programmes alimentaires et agricoles. Troisièmement, il convient de renforcer encore l'appui technique de la FAO aux programmes pris en charge par les pays, en particulier pour ce qui est de la formulation des documents de programme nationaux, de la réalisation de l'analyse des contraintes et du fonctionnement du système de suivi et d'évaluation.

Financement

36. Le PSSA a démarré avec de modestes ressources fournies par la FAO et les pays bénéficiaires. Cela a influé principalement sur le programme de deux façons: la plupart des programmes nationaux ont commencé avec une structure restreinte - incluant, par exemple, peu de sites, de zones et d'agriculteurs - ou la réalisation d'une partie seulement des quatre composantes de la Phase I, et l'exécution du programme a dû être limitée à un petit nombre de pays. Sa mise en œuvre progressive a toutefois contribué à mieux faire comprendre sa conception et ses modalités à toutes les parties prenantes et à tous les partenaires du développement, ce qui a permis d'accroître leur intérêt et leur soutien financier. De fait, de concert avec la Coopération Sud-Sud, le partenariat établi avec les donateurs et les institutions financières a fortement contribué à l'extension du PSSA à de nouveaux pays, ainsi qu'à son expansion à l'intérieur des pays eux-mêmes.

37. Les donateurs de fonds fiduciaires financent des activités dans 37 pays, dont six appartenant à la région Asie-Pacifique. Le PNUD contribue au programme dans une douzaine de pays, dont deux en Asie. Des protocoles d'accord spécifiques ont été signés avec le PNUD, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la Banque islamique de développement, la Banque ouest-africaine de développement, le FIDA, le PAM et d'autres institutions. Une étroite collaboration a été instaurée avec la Banque asiatique de développement.

38. Au Népal, la Banque mondiale appuie le programme spécial dans le cadre du Projet national d'appui à l'irrigation, par le biais duquel la FAO fournit des services d'assistance technique directs évalués à 1 157 787 dollars E.-U. Au Bangladesh, la Banque soutient le PSSA, notamment en accordant une aide financière aux activités de Coopération Sud-Sud réalisées conjointement avec la Chine (50 000 dollars E.-U.). Dans la République populaire démocratique de Corée, la République de Corée appuie le PSSA au moyen d'un fonds fiduciaire de 500 000 dollars E.-U. mis sur pied conjointement avec la FAO. L'Italie a indiqué qu'elle était prête à appuyer le PSSA dans la République populaire démocratique de Corée.

39. Un projet d'assistance technique de trois ans de la FAO destiné à appuyer le PSSA et financé par le Fonds des Nations Unies pour le partenariat international avec un budget de 1 691 011 dollars E.-U. a été approuvé en juillet 1999. Il a pour objet de promouvoir la participation des femmes à la gestion de l'irrigation et des ressources en eau afin d'améliorer la sécurité alimentaire, l'alimentation et la santé des ménages. Il est opérationnel au Cambodge, au Népal et en Zambie. Son objectif global est d'assurer la durabilité du développement de l'irrigation et de ses retombées positives sur la sécurité alimentaire et l'état nutritionnel de la population locale. Grâce à ce projet, les femmes pourront participer à la gestion des systèmes d'irrigation et des ressources en eau, diversifier et intensifier la production agricole et bénéficier de l'introduction de techniques qui leur permettront de consacrer moins de temps à certaines activités, ce qui facilitera leurs tâches domestiques et productives.

40. Le PNUD appuie le PSSA en Inde par l'entremise d'un projet de 814 000 dollars E.-U. visant à développer des systèmes de culture basés sur le maïs; la FAO fournit des services d'assistance technique directe. Le PNUD a également versé 80 000 dollars E.-U. pour la formulation de ce programme par la FAO.

41. Le Comité international olympique (CIO) a approuvé un projet visant à aider le PSSA à fournir de l'équipement sportif d'une valeur de 20 000 dollars E.-U. au Bangladesh, à Samoa, au Niger et à Haïti (5 000 dollars E.-U. par pays). Cet équipement sera distribué pendant la première partie de l'an 2000, afin d'améliorer la santé des jeunes dans les régions rurales grâce à la pratique du sport dans les sites du PSSA. Dans le cadre d'un projet réalisé en 1999, le Cambodge, le Burkina Faso, la Tanzanie et l'Équateur avaient déjà bénéficié d'une aide de même nature de la part du CIO.

42. L'Association internationale de l'industrie des engrais fournit des engrais d'une valeur de 150 000 dollars E.-U. au Cambodge, à l'Érythrée, à la Tanzanie, au Mali et à l'Équateur (environ 30 000 dollars E.-U. par pays) pour appuyer le PSSA en 2000 dans le cadre du Programme international d'approvisionnement en engrais.

V. EXTENSION DE LA PHASE I

43. Les bons résultats de la mise en œuvre initiale de la Phase I sont à l'origine de l'expansion considérable des activités qui se déroulent dans de nombreux LFRDC. Cette expansion à d'autres agriculteurs et d'autres sites, couvrant au minimum les zones agro-écologiques et les systèmes d'exploitation les plus représentatifs, afin de garantir un travail de terrain satisfaisant avant le lancement de la Phase II, avait également été recommandée par le Groupe de contrôle lors de sa troisième réunion en mars 1998. Cette expansion doit également permettre d'effectuer les travaux d'analyse des contraintes requis, d'améliorer l'intégration des questions d'accès au programme, d'assurer une expansion sectorielle et sous-sectorielle de la maîtrise de l'eau et d'autres composantes ou activités pour lesquelles la Phase I a donné de bons résultats, et de constituer un réseau unissant le PSSA aux autres programmes de sécurité alimentaire mis en œuvre par le pays.

44. Dans la région Asie-Pacifique, l'extension du PSSA à des sites supplémentaires a été formulée pour la Chine et le Cambodge, et des propositions concrètes de financement par les donateurs ont été préparées. La FAO aidera également, le cas échéant, d'autres gouvernements à formuler l'extension.

VI. PHASE II: EXPANSION DU PSSA AUX NIVEAUX SECTORIEL ET MACRO-ÉCONOMIQUE

45. La phase II devrait représenter un processus d'initiative nationale permettant d'étendre au niveau national les résultats de la phase précédente. La priorité du programme ne sera donc plus le travail de terrain dans des sites déterminés, mais la formulation et l'exécution de politiques appropriées, de programmes d'investissement et de projets pouvant être financés, ce qui permettra au pays de concrétiser les possibilités de sécurité alimentaire et de développement agricole identifiées durant la Phase I. Vu les efforts considérables en jeu et les ressources intérieures et extérieures requises, le lancement de la Phase II devra être préparé soigneusement avec la participation pleine et entière de toutes les parties prenantes nationales et internationales, après que la phase précédente aura donné des résultats satisfaisants.

46. Les résultats les plus importants sont les suivants:

47. Comme on l'a vu précédemment, beaucoup de pays étendent les activités de la Phase I, et quelques-uns d'entre eux seront bientôt en mesure de répondre aux critères de lancement de la Phase II indiqués ci-dessus. La FAO continuera à soutenir les efforts entrepris par les pays participants, en particulier pour la préparation de plans d'action nationaux qui définiront les objectifs, la stratégie et les principaux instruments de politique générale, ainsi que le programme d'investissement et les projets pouvant être financés, ce qui est nécessaire pour le passage à la Phase II. Toutefois, l'obtention du financement requis doit être entreprise par les gouvernements concernés en négociant avec les donateurs et les institutions financières susceptibles de les appuyer, et la FAO peut jouer un rôle de catalyseur à cet égard.

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1  Ces chiffres n'incluent pas les travailleurs migrants installés à l'extérieur de la région.